~Creepypasta 2
Cette histoire a commencé un soir durant un été particulièrement chaud. J'étais en compagnie de mes amis près d'un feu de camp à manger des marshmallows et des saucisses. On discutait comme ça de tout et de rien, puis Catherine nous a parlé d'une rumeur.
Il semblait que dans la forêt qui nous entourait, nous pouvions trouver des panneaux de circulation et même un territoire interdit. Elle disait aussi que c'était à cause d'une ville entièrement abandonnée au cœur de la forêt. Personne ne savait vraiment pourquoi les gens l'avait abandonnée. Elle disait qu'elle connaissait le chemin pour s'y rendre.
Comme nous étions sous l'effet de l'alcool, du moins quelques-uns d'entre nous, nous avons décidé de tenter notre chance et d'essayer de trouver cette ville.
Armés de lampes de poche, nous nous sommes aventurés dans la forêt. Nous avons marché pendant des heures sans rien trouver. Même Catherine semblait fâchée que la dite rumeur n'existe pas. Nous étions sur le point d'abandonner quand ma lampe de poche tomba sur le premier panneau. Un indicateur de vitesse. Nous étions donc sur une route.
Encouragés par cette découverte, nous tentions de suivre le chemin sur le sol. Le second panneau annonçait une ville. Lac Violet. Nous avons poursuivi notre chemin et le troisième panneau annonçait l'entrée de la ville. En arrivant, nous avons dû forcer un peu notre chemin pour pénétrer dans la ville. Ça ressemblait à un film d'horreur. Dans le noir comme ça, je ne savais pas si je me trouvais sur le plateau d'un film d'horreur ou si tout ceci était vrai.
Aucune des maisons qui se dressaient devant nous n'avait de vitre dans les fenêtres. Quelques-unes avaient des portes qui tenaient à peine sur leur gonds. Des voitures étaient stationnées dans les entrées, certaines dans la rue, d'autres attendaient une lumière qui ne fonctionnait plus. Il y avait eu de l'électricité mais voilà longtemps que la ville n'était plus fournie par l'état. Le sol était couvert de feuilles, de papiers, de végétation morte, de poussière, puis Catherine hurla.
Nous nous sommes tous tournés vers elle. La main sur la bouche, son autre main tremblant sur sa lampe de poche, elle était figée de terreur. J'ai suivi des yeux le rayon lumineux jusqu'à la scène qui la terrorisait. Tout près de nous, je dirais environ à cinq mètres, une créature blanchâtre, nue, maigre comme un squelette, était penchée sur ce que je pense être un humain et dévorait, sans se servir de ses mains aux longs doigts griffus, les organes, qui devaient être internes, d'un homme. Figés de terreur, nous regardions tous la créature continuer de manger comme si elle n'avait pas entendu le cri de Catherine.
Nous étions cinq au départ de notre aventure. L'un après l'autre nous avons attrapé la main de notre voisin pour reculer, doucement, vers un abri temporaire. Il était hors de question que nous fuyions vers chez nous. Cette créature ne devait pas trouver notre ville. Main dans la main, nous sommes entrés dans l'une des maisons possédant une porte, mais pas de vitre. Nous avons placé des meubles, dans le silence le moins parfait du monde, mais discret, à chacune des fenêtres. Nous étions à l'abri.
Avec nos lampes de poche, nous nous éclairions pour nous assurer que tout le monde allait bien. Nous étions quatre.
En regardant la porte, pendant que les sons de mastication et d'os brisés nous glaçaient le sang, j'ai pris conscience que le dit humain qui se faisait dévorer là dehors, était l'un d'entre nous. Simon, pour être précise. Cette chose nous avait surpris et avait tué notre ami dans le silence le plus complet.
Nous étions pris au piège; si nous sortions, elle pouvait nous manger, si nous restions, elle pouvait forcer l'entrée, mais si nous restions, nous serions plus en mesure de nous protéger, de nous défendre, de survivre jusqu'au matin.
Catherine ne cessait de répéter, de se demander ce que ça pouvait être ce machin-là, dehors. Personne ne pouvait lui répondre, car l'image de la créature repliée sur elle-même, qui semblait n'avoir que la peau sur les os, n'était pas très précise. Elle semblait être plutôt grande. Elle avait de longs doigts, de grands pieds aux ongles noirs et griffus. Elle n'avait pas de cheveux, elle avait un visage ovale, très maigre. Je n'ai pas vu ses yeux, et sa bouche sanglante, je l'ai à peine regardée. Ce n'était clairement pas un humain qui avait muté, ni aucune créature que je connaissais.
Les bruits ont cessé dehors, nous avons cessé de parler. Avait-elle déjà fini son repas? Nous avons aussi éteint nos lampes de poche et avons reculé, dos contre le mur du fond, face à la porte. Nous nous sommes pris la main, histoire de savoir si l'un de nous disparaissait. J'étais franchement terrorisée. Nous n'entendions rien. Il n'y avait aucun bruit dehors. Que faisait-elle?
Puis un craquement, un second. Ça me semblait proche. Je ne sentais pas mes amis bouger, je savais que ce n'était pas eux qui bougeaient. Le troisième craquement me sembla être dans la maison. J'entendais le souffle de Catherine qui respirait vite. Je savais qu'elle avait mis sa main sur sa bouche et qu'elle pleurait. Julie, qui était à ma droite, me serrait la main. Et je sentis soudain, l'odeur de sang. La créature était là. Ça sentait le mort, comme dans un salon funéraire. Ça sentait l'hôpital. Ça sentait la défécation. Ça puait. J'avais mal au cœur. Je mis moi aussi ma main sur ma bouche pour me retenir de vomir. Dans le noir, je ne voyais rien. C'était opaque. Je ne savais pas ce qu'il y avait autour de moi, à l'exception de Julie à ma droite et d'une bibliothèque à ma gauche.
J'ai senti quelque chose d'humide me frôler le bras, celui que j'avais monté devant moi. Je me forçait à ne pas bouger. Je ne devais pas bouger. Je serrai la main de Julie, qui me répondit de la même façon. Je compris alors, que depuis tout à l'heure, cette créature se tenait devant nous et nous passait en revue, trouvant son prochain repas. Elle passa son chemin et se planta devant Julie me semblait-il. Je la sentis tressaillir et me serrer la main. La créature la toucha aussi.
Puis l'idée me vint, ma lampe de poche. Si je l'éclairais, reculerait-elle? J'hésitai. Et si elle se mettait en colère? Et puis? Ce serait toujours mieux que de rester planté là comme un buffet! Du moins, j'espère. Doucement, je descendis ma main de mon visage à ma cuisse, je mis doucement la main sur ma lampe de poche, dans la poche de mon jeans. Je crois qu'elle était retournée vers Catherine qui était au bout de la file. Doucement, je levai ma lampe de poche au niveau de ma poitrine, histoire d'éclairer son visage. D'un coup sec, j'allumai. La création était devant Sandra qui se trouvait entre Julie et Catherine. Elle cria quand la lumière lui éclaira les yeux. Les trois réagirent comme moi et on l'éclaira de nos lampes de poche. La créature recula, puis après un temps qui me sembla trop court, elle s'habitua à la lumière et sauta sur Sandra comme une sauterelle. Catherine cria et courut vers la porte ouverte et sortit dehors. Je la suivit, incapable d'assister à ca. Julie tenta de sauver Sandra mais elle se résigna; Sandra était déjà morte. Nous courûmes toutes les trois à en perdre haleine. Nous courûmes vers la sortie de la ville. Elle mangeait, peut-être avions nous le temps de quitter cette ville, de partir, de retourner chez nous.
Au petit matin, nous émergeâmes de la forêt. Chez nous, plein de lumière. Le jour, enfin. Nous nous sommes quittés pour rentrer chez nous.
Je n'ai pas dormi pendant près de trois jours suite à ça. J'étais toujours terrorisée. Nous avons tenté d'expliquer ce qui s'était passé aux autres, expliquer pourquoi Simon et Sandra n'étaient plus là. Expliquer qu'ils étaient morts. Ils ne nous crurent pas, mais ne tentèrent jamais d'aller voir. Ils ne nous ont pas nous plus accusé de leur mort. J'ai vaguement l'impression qu'ils savaient tous ce qui se passait là-bas.
J'ai fait des recherches sur internet durant mes nuits d'insomnie. Ce que j'ai trouvé qui ressemble le plus à cette créature, c'est une espèce d'extra-terrestre, mutant, une chose que beaucoup semble avoir vue, une chose qui semble territoriale, une chose qui ne déménage pas, une chose pas facile à tuer.
Cette chose, c'est le Rake!